Des tours Anne de Bretagne, Victor Hugo composa cette célèbre ode : « Aux ruines de Montfort l’Amaury ».
Quel beau paysage du haut de cette colline, installé aux pieds des tours Anne
de Bretagne, à observer alentour.
Vers l’Est, en regardant au dessus de Montfort, s’étendent les prairies et les
bois de Montfort, des Mesnuls, de Saint-Rémy et de Bazoches, puis les plaines de Jouars qui vont jusque Maurepas. En remontant vers le nord, Neauphle le Chateau situé sur un promontoir, dominé
par sa tour. En regardant vers le nord-ouest, la grande plaine de Neauphle vers Vicq, Marcq, Thoiry, Saulx-Marchais,… puis encore plus sur la gauche (vers l’ouest) la Queue lez Yvelines , pôur
poser son regard sur la forêt de Rambouillet, vers Grosrouve, Gambais, ….
I
- Je vous aime, ô débris ! et surtout quand l’automne
- Prolonge en vos échos sa plainte monotone.
- Sous vos abris croulants je voudrais habiter,
- Vieilles tours, que le temps l’une vers l’autre incline,
- Et qui semblez de loin sur la haute colline,
- Deux noirs géants prêts à lutter.
- Lorsque, d’un pas rêveur foulant les grandes herbes,
- Je monte jusqu’à vous, restes forts et superbes !
- Je contemple longtemps vos créneaux meurtriers,
- Et la tour octogone et ses briques rougies ;
- Et mon œil, à travers vos brèches élargies,
- Voit jouer des enfants où mouraient des guerriers.
- Ecartez de vos murs ceux que leur chute amuse !
- Laissez le seul poëte y conduire sa muse,
- Lui qui donne du moins une larme au vieux fort,
- Et, si l’air froid des nuits sous vos arceaux murmure,
- Croit qu’une ombre a froissé la gigantesque armure
- D’Amaury, comte de Monfort.
- Là, souvent je m’assieds, aux jours passés fidèle,
- Sur un débris qui fut un mur de citadelle.
- Je médite longtemps, en mon cœur replié ;
- Et la ville, à mes pieds, d’arbres enveloppée
- Etend ses bras en croix et s’allonge en épée,
- Comme le fer d’un preux dans la plaine oublié.
- Mes yeux errent, du pied de l’antique demeure,
- Sur les bois éclairés ou sombres, suivant l’heure,
- Sur l’église gothique, hélas ! prête à crouler,
- Et je vois, dans le champ où la mort nous appelle,
- Sous l’arcade de pierre et devant la chapelle,
- Le sol immobile onduler.
- Foulant, créneaux, ogive, écussons, astragales,
- M’attachant comme un lierre aux pierres inégales,
- Au faîte des grands murs je m’élève parfois
- Là je mêle des chants au sifflement des brises ;
- Et, dans les cieux profonds suivant ses ailes grises,
- Jusqu’à l’aigle effrayé j’aime à lancer ma voix !
- Là quelquefois j’entends le luth doux et sévère
- D’un ami qui sait rendre aux vieux temps un trouvère,
- Nous parlons des héros, du ciel, des chevaliers,
- De ces âmes en deuil dans le monde orphelines ;
- Et le vent qui se brise à l’angle des ruines
- Gémit dans les hauts peupliers !